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Messe en Mémoire de Mgr Ernest KOMBO

Par • 13 Oct 2009 • Catégorie: Évènements

kombo6Messe en mémoire de Mgr Ernest Kombo

Jésuite, évêque d’Owando (Congo-Brazzaville), Mgr Ernest Kombo avait été élu par acclamation à la présidence de la Conférence Nationale Souveraine de février 1991.

Né le 27 mars 1941, il est décédé à Paris le 22 octobre 2008.

A l’occasion de la date anniversaire de sa mort,

une messe sera dite en son honneur le samedi 24 octobre 2009 à 14h00

en la Basilique Sainte Jeanne d’Arc sise au 18 rue de la Chapelle, 75018 Paris.

Pour télécharger le programme de la messe cliquer sur : KomboPub

Témoignage

Les éditions Paari se joignent à cet évènement pour avoir travaillé avec Mgr Kombo sur la publication de l’ouvrage intitulé S. E. Mgr Georges Firmin Singha, Mwênè Pèlè, 1924-1993, de Côme Kinata, paru en juillet 2008.

Eu égard à la maladie qui le consumait de l’intérieur, en cet été 2008, Mgr Ernest Kombo avait déployé toutes ses forces intellectuelles encore intactes, pour que la mémoire de celui qu’il considérait le Mwêné Pèlè de Boundji demeure vivante. Ainsi, il décida de préfacer l’ouvrage écrit par Côme Kinata. Cette préface constitue l’autre testament de Mgr Kombo. Un testament pour la mémoire congolaise. Testament d’un homme qui voulait encore tant donner à son diocèse d’Owando. Mais aussi, tout comme Mgr Singha son aîné, quelques années avant lui, il devait quitter ce bas monde par une subite et foudroyante maladie analogue à la sienne…

Il y a dans l’existentialisme congolais un irrésistible appel du chaos. La singularité de la situation socio-politique dans ce pays depuis 1977 place les Congolais autour d’un attracteur étrange qui les dévore, les consume et s’en accommodent, capitulant ainsi devant la célèbre formule de Karl Marx, « ce sont les hommes qui font l’histoire ».

Dans Herman Broch et le problème de la solitude, Jean Boyer, critiquant les Somnambules, décrit une société allemande de la période nazie qui s’apparente à la situation congolaise : « L’humanité est prise dans l’alternative de la foi chrétienne ou du chaos, et son histoire à l’époque moderne est celle de son détachement de l’idée religieuse et de sa marche à l’abime. Les personnages des « Somnambules » montrent diverses variétés d’hommes …, dont les uns se cramponnent aux formes extérieures d’un idéal devenu anachronique, d’autres, incertains et hagards, sont ballotés au hasard des remous, quelques uns ont compris leur époque et cherchent à tirer un profit personnel de la décomposition sociale. Tous font naufrage dans la marée montante de la boue, et ceux qui trouvent moyen de survivre en s’adaptant à l’ambiance, subissent en réalité le naufrage moral, le plus affreux et le plus irréparable, parce que volontaire, si non tout à fait conscient… L’amitié empoisonnée d’incertitude, …, n’offre qu’un dérisoire semblant de sécurité. L’amour, lui, offre moins encore : il se réduit au fameux contact de deux épidermes et comporte de possibles aberrations, impasses morales mortelles. Peu importe peut-être ces aberrations, car de toute façon l’homme est né pour la mort. Naissance et mort sont inséparables et ne sont d’ailleurs peut-être que deux aspects d’un même événement de l’existence dont l’énigme à double face ne peut comporter de solution ici-bas… La liberté et le meurtre, dit Broch, sont aussi proches parents que la procréation et la mort ! Et qui a été lancé dans la liberté est solitaire comme le meurtrier qui, sur le chemin de l’échafaud, appelle sa mère… » in Jean Boyer, Hermann Broch et le problème de la solitude, Paris, P.U.F., 1954.

Romancier ou philosophe, Hermann Broch avait certainement balisé le chemin des existentialistes. On constate cette incommensurable force spirituelle chez les évêques du Congo-Brazzaville, dans leur flirt inconscient ou non avec le pouvoir politique. Mais n’ayant pas intériorisés la théologie de la libération comme en Amérique latine, ils usent généralement de leur fonction magico-religieuse pour tenter d’infléchir la marche d’une histoire politique pré-écrite depuis un ailleurs qui les dépasse. On peut ainsi observer chez Fulbert Youlou, l’inachèvement d’une mission libératrice, qui l’aurait enfermé dans l’antagonisme entre une volonté d’assumer simultanément le rôle suprême de premier magistrat du Congo et celui d’Abbé qui lui était désormais refusé par sa hiérarchie épiscopale.

On retrouve chez Mgr Georges Firmin Singha une autre volonté qui cadre avec le célèbre passage biblique : « Là où le péché abonde, la grâce de Dieu surabonde ». A partir de 1977, on lui confie des missions épiscopales impossibles. Il est conscient de la responsabilité des siens sur les évènements de mars 1977, et en Chrétien intègre, il ne voit pas avec quel courage spirituel il devra cumuler le poste de Président de la Conférence épiscopale du Congo laissé vacant par le Cardinal Emile Biayenda assassiné, et sa responsabilité d’évêque d’Owando. Après dix années passées à la tête de la Conférence épiscopale, il s’occupera du diocèse de Pointe-Noire. Mais l’attracteur étrange qui se formalise en ces années soixante dix finissantes, pour avoir réussi à anéantir la plus haute autorité de l’église catholique dont bénéficiait la nation, n’hésitera pas à faire emporter dans son sillage Mgr Benoît Gassongo retrouvé en décomposition dans son appartement de la Cathédrale. Mgr Kombo quand à lui suivra les traces de Mgr Singha à Nkayi puis à Owando. Owando fut sa consécration car il pouvait enfin marcher sur les traces de son aîné Mgr Singha, et montrer par cette symbolique son attachement à l’unité nationale. L’irruption de la Conférence Nationale Souveraine qui le propulsera au devant de la scène politique en 1991, tout en l’éloignant de son diocèse d’Owando, sera à notre avis le paramètre majeur qui aura contribué à sa disparition l’année dernière…

On a l’impression de vivre au Congo-Brazzaville un feuilleton naturel, dans lequel l’histoire se déroule à contre-courant de l’histoire mondiale. Un gel de la temporalité socio-politique a figé les intérêts de tout un espace vital dans un mode de pensée unidimensionnel qui est celui de la consolidation et du renforcement d’un népotisme régressif. Tous les espaces de relais internationaux, même ceux de l’église catholique romaine continuent d’accompagner cette descente aux enfers de ses éminents pasteurs.

Cette décomposition des valeurs éthiques au sein de la société congolaise continue de précipiter prématurément les meilleurs des fils de cette nation à la mort. Et c’est la nation toute entière qui est privée de ses forces vives. Car même celles qui veulent bien contribuer à son développement sont obligées de se réfugier dans des situations précaires à l’étranger, pour échapper à ce déterminisme avec comme prix à payer ce naufrage moral affreux auquel fait allusion Hermann Broch ci-dessus cité.

Merci Mgr Ernest Kombo pour ce testament que vous avez légué à la postérité à travers S. E. Mgr Georges Firmin Singha, Mwênè Pèlè, 1924-1993, l’ouvrage de Côme Kinata, dont vous avez été le préfacier. Nous aurions souhaité continuer cette collaboration intellectuelle, mais vous êtes devenus pour nous une asymptote, comme l’avait été en son temps Marien Ngouabi. Le mardi 15 mars 1977 en début d’après-midi, quand nous discutions avec Marien Ngouabi au Lyçée Drapeau rouge (Chaminade), il avait été question d’un Congo qu’il fallait bâtir en offrant aux jeunes Congolais l’accès à la science et à la technologie. Trois jours après, pratiquement à la même heure, il avait été emporté sans que notre innocence d’adolescent n’ait eu le temps de digérer ce conte de fées que nous partageons avec lui depuis quelques mois. Trois mois après la sortie de l’ouvrage dédié à Mênè Pèlè Firmin Singha, Mgr Kombo malgré votre lucidité, vous avez été contraints vous aussi de nous quitter. Pourquoi ce parallélisme avec Marien Ngouabi ?

Tâta Kombo, ngeye wele kuaku mu nzila Kongo,  / Père Kombo, te voila parti sur la route du Kongo,

Mu nzila ya Kongo dia ntotela.                                      / Sur la route de Kongo dia ntotela.

Mu nkia diambu ?                                                                / Pour quel motif ?

Mawawa Mâwa-Kiese,

Paris 12/10/2009.

Pour télécharger la critique de l’ouvrage préfacé par Mgr Kombo  :kokultn°125156

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2 Responses »

  1. je veut juste avoir les informations sur la mort de monseigneur ernest kombo notres eveque d owando

  2. La seule information disponible auprès des éditions Paari est que Mgr Ernest Kombo, tout comme son aîné Mwènè Pèlè Singha, a beaucoup souffert avant de quitter prématurément cette terre. Comme il tenait tant à son diocèse d’Owando, il a préfacé l’ouvrage de Côme Kinata sur Mgr Singha. A notre avis cette préface, fait partie de ces derniers écrits officiels… Paix à son âme.